Cancer du sein et psychologie de la femme: Ne pas être seule, face au cancer…

La prise en charge thérapeutique contre le cancer du sein va, impérativement, de pair avec l’accompagnement psychologique. Nul ne doute que le premier cancer féminin offense la femme en s’attaquant à sa féminité physique. C’est que les répercussions provisoires et autres, durables, du traitement influent sensiblement sur le moral. Or, ce dernier constitue le maillon fort du combat.   


En effet, le cancer du sein n’affecte pas uniquement la femme. Il impacte aussi le relationnel du couple, la psychologie des enfants et tout l’entourage social de la femme. Pour Mme Khouloud Zaïer, professeur de psychologie à l’Université de La Manouba, évoquer la question relative à l’état psychologique de la femme atteinte du cancer du sein c’est anéantir les barrières du silence social, et ce, pour deux bonnes raisons : le cancer n’est plus synonyme de mort. Certes, mais le corps de la femme continue, dans bien des communautés, à être tabou. D’où l’importance du plaidoyer.          

Toucher le fond et remonter à la surface

Multiplier les actions de sensibilisation sur la maladie vise, justement,  à briser les chaînes du tabou et à soutenir la femme sujette à moult changements physiques, psychologiques et relationnels. «Il faut admettre que le cancer féminin opère des changements importants dans le relationnel, et ce, en raison de nos acceptations variables de soi et d’autrui mais aussi en fonction de l’acceptation d’autrui des changements. Nous n’avons pas, tous, les mêmes façons de traiter avec les pressions psychologiques. Apprendre l’atteinte par la maladie diffère d’une personne à une autre indépendamment des prédispositions comportementales et autres, émotionnelles», explique la spécialiste.      

Néanmoins, l’effet de l’annonce retentit à coup sûr pour anticiper sur l’image du corps qui sera enlaidie par la chirurgie et par la cicatrice, les problèmes sexuels, l’angoisse qui risque de devenir pathologique à force de tourner en rond dans le cercle de la vie et de la mort, la déprime et la peur. «Apprendre la nouvelle commence, généralement, par le déni, puis la colère qui finira par donner lieu à la tristesse. Contrairement à la colère, la tristesse, elle, ouvre la voie à la réflexion, au pour-et-contre, au positif et au négatif. Puis, poursuit la psychologue, intervient l’acceptation de la maladie et l’intégration sociale d’un corps nouveau».    

L’épaulement social est fondamental 

Ce processus existentiel, placé sous le signe de la pression, dépend, non seulement du moral de la femme, mais aussi de l’appui psychologique de son entourage. Le rôle du conjoint peut avoir un impact déterminant. Si certains négligent leurs épouses, d’autres sont convaincus par la nécessité de combattre, ensemble, la maladie. «Le conjoint et l’entourage de la femme atteinte du cancer du sein doivent lui rappeler son mérite, en ne ménageant aucun effort pour lui prouver leur amour inconditionnel. La faire sortir de l’isolement, l’encourager, l’épauler et l’accompagner surtout durant les phases difficiles dues aux effets secondaires des traitements, veiller à sa bonne hygiène de vie et la motiver sans relâche; voilà ce dont aurait besoin une femme atteinte du cancer du sein», souligne Mme Zaïer.          

Laisser un commentaire